Avec ses douze employé-e-s, l'entreprise ARG Transport Sàrl comptait parmi les plus grands sous-traitants de DPD sur le site de Berne. Le dépôt est une halle exposée aux courants d'air et rattachée à une immense tente «provisoire qui dure». Le dimanche 25 avril, DPD a envoyé un SMS aux chauffeurs d'ARG pour leur dire d'arriver au dépôt à 5h30 précises le lundi afin de leur communiquer des informations.
Le jour dit, les cadres de DPD ont fait savoir au personnel qu'ils avaient mis fin à leur relation contractuelle avec ARG sans préavis. À l’intérieur du dépôt, d’autres transporteurs avaient déjà pris les places réservées pour ARG et attendaient leur chargement.
«Pour moi, ça a été un choc. J’ai eu peur de tout perdre, mon travail et ma vie ici en Suisse», se souvient Boris (nom modifié), arrivé récemment de Bulgarie afin de travailler pour DPD.
Quelques jours plus tôt, les livreurs et livreuses avaient exprimé leur colère auprès de DPD à propos des conditions de travail chez le sous-traitant ARG. Ils s’étaient plaints que les salaires et les cotisations sociales n’étaient pas payés comme il se doit, que les véhicules n’étaient pas sûrs, et de bien d’autres choses encore. Ils demandaient aussi que le sous-traitant soit remplacé. Evidemment, ils n’avaient pas envisagé une telle mesure.
Les cadres de DPD présents au dépôt de Berne ont fini par laisser entrer les chauffeurs et chauffeuses concernés, mais ont refusé l’accès à Unia. Ils ont tous reçu 3000 francs en guise d'acompte pour les salaires impayés. On leur a dit qu’ils pouvaient commencer à travailler tout de suite pour un autre sous-traitant, dont l’entreprise n’existait pourtant pas.
Le problème est qu'ils avaient tous un contrat de travail en bonne et due forme avec ARG, puisque dans le «système DPD», tous sont engagés par des sous-traitants, et non par DPD. Les salarié-e-s avaient beaucoup de questions importantes: comment pouvaient-ils changer d’employeur à si court terme? Qu’adviendrait-il de leurs arriérés de salaire? Mais DPD n’a pas offert d’accompagnement à ces chauffeuses et chauffeurs en détresse.
Certains travaillent aujourd’hui pour un autre sous-traitant, mais d’autres sont restés sur le carreau. Toutes les autres revendications restent valables. Unia a fait valoir les demandes des chauffeuses et chauffeurs envers ARG et pris toutes les dispositions nécessaires. Il n'est pas certain que cette petite entreprise puisse payer.
DPD est responsable de cette situation et doit l’assumer. Unia a enjoint DPD à prendre en charge les créances salariales, les cotisations sociales en souffrance, la compensation des vacances non prises ni indemnisées ainsi que les heures supplémentaires non rémunérés.
Les livreuses et livreurs n'ont travaillé que pour DPD et se sont retrouvés en difficulté à cause de la résiliation immédiate de leur contrat avec le sous-traitant. À ce jour malheureusement, DPD n’a pas répondu à nos sollicitations.