Avec la pandémie du Covid-19, le Conseil fédéral est appelé à agir non seulement en termes de politique de la santé, mais aussi en termes de politique du travail, sociale et économique. La situation exceptionnelle demande aussi des mesures exceptionnelles dans ces domaines qui doivent être coordonnées entre les cantons et à l’échelle nationale.
Pour Unia, le plus grand syndicat de Suisse, le bien-être des quelque cinq millions de salarié-e-s et leurs proches est une priorité. Les salarié-e-s précaires et les employé-e-s mal payés dans les professions des services sont particulièrement menacés. La crise et sa gestion ne doivent pas se faire sur leur dos. Pour les protéger, les pouvoirs publics doivent prendre les mesures adéquates et mettre à disposition les moyens nécessaires pour les financer. Et cela immédiatement.
Concrètement, Unia demande un ensemble de mesures pour limiter l’impact de la crise et éviter les difficultés sociales.
1. Garantir les salaires
Lorsque les entreprises doivent réduire leur activité, voire la stopper, en raison de mesures des autorités ou suite à un effondrement économique, les pouvoirs publics doivent garantir le maintien du paiement intégral des salaires pendant toute la durée de la crise. L’instrument existant d’indemnisation en cas de réduction de l’horaire de travail doit être étendu de façon non bureaucratique :
2. Pas de licenciements : des liquidités pour les entreprises en difficulté
Les entreprises qui se trouvent manifestement en difficulté en raison des conséquences économiques de la pandémie ou des mesures de confinement doivent pouvoir maintenir leurs liquidités dans le cadre d’une garantie extraordinaire contre les risques à l’exportation ou d’autres solutions de fonds pour l’économie intérieure. En contrepartie, elles doivent s’engager à ne pas prononcer de licenciements.
Afin de pouvoir financer ces deux mesures, les pouvoirs publics doivent immédiatement créer un fonds de crise qui mette à disposition au moins un pour-cent de la masse salariale totale, soit environ quatre milliards de francs.
3. Garantir la sécurité sociale
Le Conseil fédéral doit adapter les prestations des assurances sociales à cette situation extraordinaire. Cela concerne notamment l’assurance-chômage dont la durée d’indemnisation pour les plus de 50 ans doit être prolongée immédiatement de 200 jours. C’est la seule façon d’éviter que les demandeurs d’emploi âgés arrivent massivement en fin de droit.
4. Mesures de stabilisation: sortir de la crise le plus vite possible
Afin que la situation d’urgence temporaire en matière de politique de santé ne se transforme en crise économique et sociale durable, un programme de stabilisation est nécessaire pour les branches particulièrement touchées comme le tourisme, les services à la personne ou la culture. En même temps, la BNS doit mener une politique monétaire active contre la surévaluation du franc. A moyen terme, des investissements durables dans le secteur de la santé et dans la reconversion éco-sociale urgente de l’économie doivent aussi offrir des perspectives pour sortir de la crise qui se profile.
5. Consultation des employé-e-s sur les questions de protection de la santé
En règle générale, les employé-e-s sont les mieux placés pour savoir quelles mesures de protection de la santé peuvent être intégrées dans leurs processus de travail et comment. C’est pourquoi les autorités doivent demander aux employeurs de toutes les branches et aux entreprises d’associer immédiatement les syndicats dans la planification de ces mesures et de leur assurer le droit d’être consultés.