Le dépôt DPD de Tavannes est de grandeur moyenne. Une cinquantaine de véhicules font des livraisons quotidiennes dans le Jura (bernois) et la région seelandaise. Les chauffeuses et chauffeurs sont employés par cinq sous-traitants différents.
Un mercredi début septembre, nous nous rendons sur place pour constater les conditions de travail au plus près. En été, le volume de colis est généralement un peu moins important que d'habitude, et par beau temps, les livraisons peuvent être effectuées plus rapidement.
Néanmoins, le travail commence tôt: les premiers véhicules arrivent à 5h10, la plupart sont au dépôt à 5h30. Les tapis roulants se mettent en marche. Les conductrices et conducteurs chargent les véhicules avec les colis qui leur sont attribués pour la journée.
Ils ne terminent cette tâche qu'entre 8h30 et 9h. Ils peuvent alors commencer leur tournée. Certain-e-s ont encore une heure de route à faire avant de livrer leur premier colis.
À la fin du temps de travail journalier contractuel de 8 heures et 48 minutes, donc à 14h18 (les pauses ne sont prises que dans quelques cas), seuls trois véhicules sont de retour au dépôt. Dès ce moment, les heures supplémentaires gratuites commencent.
À 16h40, les trois quarts des véhicules sont de retour, mais ils doivent encore être déchargés. Il faut encore en moyenne 30 minutes jusqu'à la fin du travail.
Ce jour-là, comme les autres jours, la plupart des conductrices et conducteurs auront travaillé 11 heures ou plus. À la fin de la journée, ils sont épuisés et en colère. À 17h30, certain-e-s arrivent encore au dépôt. Ils auront travaillé 12 heures.
Aux journées de travail interminables s’ajoute que les heures supplémentaires ne sont ni enregistrées, ni payés. Depuis qu’Unia est actif chez DPD, les chauffeuses et chauffeurs rapportent que les chefs leur donnent une fois par mois une feuille déjà remplie indiquant zéro heure supplémentaire. Ils doivent la signer immédiatement, sans pouvoir l’examiner en détail, ni recevoir de copie. En cas de refus, ils risquent d’être licenciés.
Si un colis est perdu, livré trop tôt ou trop tard, ou en cas d’accident, des déductions de salaire sont effectuées. Ces déductions n'apparaissent pas sur la fiche de paie. Au lieu de cela, les chauffeurs doivent remettre l'argent en liquide à leur chef et ne reçoivent pas de reçu. Ces amendes indues allongent la liste des problèmes constatés chez DPD.
Cette attitude irrespectueuse envers le personnel se remarque dans les moindres détails: peu importe que les employé-e-s travaillent des heures et des heures gratuitement, DPD va jusqu’à leur faire payer le café du matin pris au dépôt.