Les chiffres actuels de l’enquête suisse sur la structure des salaires pour l’année 2018 montrent que les femmes, dans le secteur privé, gagnent toujours 1544 francs de moins que les hommes. La part inexpliquée a aussi légèrement augmenté entre 2016 (-42,9%, 657 francs/mois) et 2018 (-44,3%, 684 francs/mois).
Cette part «inexpliquée» ne peut pas être attribuée à des facteurs objectifs tels que la formation, l’expérience professionnelle ou la position professionnelle. Elle est donc discriminatoire. Mais les différences «explicables» ont aussi des aspects discriminatoires: il existe sur le marché du travail des structures discriminatoires, comme par exemple les promotions ou les classifications.
La loi sur l’égalité révisée est entrée en vigueur l’été dernier. Elle oblige les entreprises comptant plus de 100 employé-e-s à effectuer une analyse des salaires. Malgré l’absence de sanctions et de contrôles légaux, les syndicats demandent aux entreprises, y compris à celles de moins de 100 salarié-e-s, d’effectuer ces analyses dans le cadre du partenariat social et d’adapter, le cas échéant, les salaires des femmes.
Cependant, les analyses légales de l’égalité salariale ne suffisent pas à éliminer la discrimination des femmes sur le marché du travail. Il faut plutôt de meilleures conditions-cadres pour la conciliation de la vie professionnelle et privée, car les femmes assument toujours la majeure partie du travail domestique. C’est pourquoi il faut de toute urgence une diminution générale du temps de travail, des structures de prise en charge financées par l’État ainsi qu’un congé parental légal.
En 2018, plus de 60% des employé-e-s qui gagnaient moins de 4000 francs pour un emploi à plein temps étaient des femmes. Cet argent manque à la fin du mois pour les frais fixes, à la fin de l’année pour les impôts et les vacances et à la fin de la vie professionnelle pour une rente décente. Pour ces branches, il est donc urgent d’instaurer des CCT de force obligatoire avec un salaire minimum de 4000 francs (x13). Car pour les femmes qui travaillent dans ces branches, la discrimination est une menace existentielle.