L’Office des migrations du canton de Soleure a décidé d’expulser Rojda Aslan et sa fille, parce que cette employée de la restauration gagnait trop peu, malgré son travail, et qu’elle touchait l'aide sociale. La décision ignore plusieurs éléments qui font clairement du cas de Rojda un cas de rigueur excluant tout renvoi. Suite à sa séparation d’avec son partenaire violent, Rojda n’a pas obtenu la prolongation de son permis de séjour. Les autorités n’ont pas non plus tenu compte de l’intérêt supérieur de son enfant, né et scolarisé en Suisse, bien que la Suisse ait signé la Convention de l’ONU relative aux droits de l’enfant. «J’ai travaillé pendant de nombreuses années dans le domaine de la migration et de la lutte contre le racisme et je connais les conséquences d’une telle décision pour les personnes concernées, par exemple pour d’autres migrant-e-s qui veulent échapper à la violence d’une relation ou pour les enfants de migrant-e-s qui ont grandi ici et qui vivent ici, en Suisse», relève Itziar Marañón, directrice de Campax et auteure de la pétition.
En 2019, la Suisse a considérablement renforcé la législation sur les étrangers. La loi restrictive sur les étrangers et l’intégration punit de plus en plus la pauvreté et les pauvres. Car de nombreuses personnes dépendent des prestations sociales malgré un emploi («working poor»). Tout comme Rojda, les migrant-e-s travaillent souvent dans des secteurs à bas salaires et doivent assumer des obligations familiales en plus de leur travail. Les critères d’intégration étant trop fortement orientés sur l’indépendance économique (la perception de l’aide sociale comme motif d’expulsion), ils sont en contradiction avec la réalité et pénalisent durement la pauvreté subie. «Il faut mettre fin à la pénalisation de la pauvreté. Dire à quelqu’un qu’il n’est pas intégré parce qu’il touche l’aide sociale est à côté de la réalité et dommageable pour les personnes concernées. Dans le cas présent, cela concerne aussi un enfant qui est né et scolarisé ici. Nous devons réagir ensemble à cela», exige Hilmi Gashi, responsable du domaine migration du syndicat Unia.
Aujourd’hui, Campax et Unia ont remis à l’Office des migrations de Soleure une pétition réunissant plus de 10 669 signatures, qui demande aux autorités de continuer à accorder le droit de séjour à Rojda et à sa fille afin qu’elles puissent rester en Suisse. Entre-temps, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a décidé que la Suisse ne pouvait pas expulser Rojda et sa fille pour le moment. Cependant, pour une sécurité à long terme, une décision des autorités suisses est nécessaire.
* Nom modifié pour des raisons de protection de la personnalité.
Pétition : Rojda et sa fille doivent rester !
Syndicat Unia 2025