Les chiffres d’affaires dans le secteur principal de la construction sont stables depuis des années et se situent actuellement à un niveau historiquement élevé. Les carnets de commandes n’ont jamais été aussi pleins et le nombre de demandes de permis de construire a atteint des sommets. La plupart des entreprises partagent cette vision optimiste: selon l’enquête conjoncturelle du KOF, la majorité des entreprises de construction jugent les perspectives économiques bonnes.
Avec leur travail acharné, les maçons ont posé les bases de cette excellente situation. Jour après jour, ils ont accompli leur travail sous une forte pression et dans des conditions difficiles: construire toujours plus, toujours plus vite et avec toujours moins de personnel. La pandémie a encore aggravé la situation sur les chantiers.
Mais la Société des entrepreneurs ne veut pas faire participer les maçons au succès économique de la branche. Alors que d’autres associations patronales du secteur de la construction ont déjà convenu avec les syndicats d’augmentations générales des salaires pour tous les employés, la SSE n’a même pas présenté d’offre salariale aujourd’hui lors de la troisième et dernière séance de négociations. C’est déjà la deuxième année consécutive que les maçons sortent les mains vides des négociations salariales!
En raison du renchérissement, de nombreux maçons ont donc maintenant moins dans leur portemonnaie. Mais ce n’est pas tout: selon les statistiques de la Société suisse des entrepreneurs, les salaires versés ont baissé en 2021 dans presque toutes les catégories de salaire du secteur principal de la construction. Samedi dernier, le 30 octobre, des milliers de maçons ont manifesté contre cela et contre d’autres abus avec des collègues d’autres branches à Zurich, Olten, Bellinzone et Genève.
Cette politique erronée de la SSE a des conséquences fatales pour l’avenir de la branche. Les entrepreneurs ont une part de responsabilité directe dans la pénurie croissante de personnel qualifié. Car le nombre d’apprentis diminue fortement depuis des années (moins 40% depuis 2010) et de plus en plus d’ouvriers de la construction tournent le dos à la branche : un maçon formé sur deux quitte la branche tôt ou tard.
L’année prochaine, l’ensemble de la Convention nationale du secteur principal de la construction (CN) sera renégocié. C’est l’occasion d’aborder les vrais problèmes sur les chantiers: il faut plus de protection pour la santé des maçons, des mesures contre la pression croissante du temps et une augmentation de salaire décente pour les gens qui construisent nos maisons, nos routes, nos écoles et nos hôpitaux. Il est de la responsabilité de la Société suisse des entrepreneurs de saisir cette occasion et d’opérer un changement de cap. Tout le reste constitue une menace pour les maçons ainsi que pour l’avenir de la branche.