Le modèle commercial du groupe américain Uber vise à contraindre ses chauffeuses et chauffeurs à travailler comme faux indépendants. Bien que la Suva, le Seco, plusieurs expertises et récemment le tribunal des Prud’hommes de Lausanne aient qualifié les chauffeuses et chauffeurs de salarié-e-s, resp. d’employé-e-s d’Uber, le service de transport à bas prix refuse de les engager correctement. Les conductrices et conducteurs ne disposent dès lors d’aucune couverture d’assurance. Les salaires usuels ou les salaires minimums cantonaux ne sont pas non plus respectés. Uber applique le même modèle aux coursières et coursiers du service de livraison de repas Uber Eats, là où devrait s’appliquer la convention collective nationale de travail étendue (CCNT) pour l’hôtellerie-restauration.
Le respect des lois, pas d’exercices alibi
Dans ce contexte, l’annonce d’Uber de vouloir offrir aux «chauffeurs et coursiers partenaires indépendants», en partenariat avec un grand groupe d’assurance, une assurance minimale en cas de maladie, d’accident, de maternité et de paternité, est une honte. Les chauffeuses et chauffeurs ainsi que les coursières et coursiers ont de toute façon droit à ces prestations, et dans une bien plus large mesure car, sur le plan juridique, ils sont considérés comme des employé-e-s d’Uber. A cela il convient d’ajouter les cotisations pour la prévoyance vieillesse (AVS et 2e pilier), l’assurance-chômage, le remboursement des frais professionnels (par ex. véhicule, téléphone portable) et une assurance responsabilité civile pour le transport professionnel de personnes. Autant de prestations qu’Uber doit fournir à ses employé-e-s.
Au lieu de proposer des prestations alibi ridicules, Uber ferait bien d’assumer enfin ses devoirs d’employeur. La compagnie d’assurance qui collabore avec Uber se rend par ailleurs complice d’un modèle commercial illégal qui contourne délibérément et sape le système social et fiscal.
Les autorités doivent stopper Uber
La tentative d’Uber d’introduire un système d’assurance arbitraire et privatisé en lieu et place des obligations légales en matière d’assurances sociales et accident doit alerter les autorités. Les caisses de compensation AVS et la Suva doivent mettre un terme aux agissements d’Uber et obliger le groupe à enfin annoncer correctement tous ses employé-e-s. Ce n’est qu’ainsi que les chauffeuses et chauffeurs et les coursières et coursiers obtiendront les prestations d’assurance et les salaires qui leur reviennent. Le Seco et les cantons ont aussi le devoir de stopper le modèle scandaleux d’indépendance fictive d’Uber.