Le Conseil fédéral vient de publier le rapport sur les analyses d’égalité salariale qui sont obligatoires pour les entreprises employant plus de 100 personnes depuis la révision de la loi sur l’égalité en 2020. Les résultats sont décevants: un cinquième des entreprises n’a pas procédé à de telles analyses, un tiers d’entre elles n’a pas fait vérifier les analyses et la moitié n’a pas publié les résultats. La révision de la loi n’a pratiquement pas endigué les différences de revenus discriminatoires. Surtout, les entreprises ne respectent pas la loi qui est en soi insuffisante. C’est purement scandaleux !
En tant que membre de la coalition contre les discriminations salariales, Unia critique vivement les dispositions légales insuffisantes et demande:
En réalité, l'étendue de la discrimination est considérable: les femmes gagnent 43,2 pour cent de revenu en moins par rapport aux hommes.
Dans le secteur privé, les inégalités salariales sont de l’ordre de 18 pour cent. Mais ce chiffre ne tient pas compte des pertes de salaires subies en raison du travail à temps partiel, qui concerne tout de même deux tiers des femmes. Selon l'écart global de revenus du travail (Gender Overall Earnings Gap, GOEG), les pertes de salaires sont en réalité de 43 pour cent en Suisse. Cet indicateur prend en considération l’ensemble des travailleuses et travailleurs en tenant compte de leur taux d’activité. Il permet ainsi de dépeindre un tableau clair des différences de revenus en Suisse.
La Suisse détient un triste record: les salarié-e-s à plein temps travaillent 42 heures par semaine. Ce temps de travail hebdomadaire moyen élevé contraint de nombreuses femmes à travailler à temps partiel pour pouvoir concilier activité professionnelle et travail de care. Les femmes abattent ainsi trente heures de travail non rémunéré par semaine, notamment pour s’occuper des enfants, du ménage et fournir des soins à des personnes âgées et malades.
Ce travail non rémunéré permet non seulement à la société de fonctionner mais est aussi la principale cause de dépendance économique des femmes. Travailler gratuitement, c'est avoir moins de revenus, moins de protection sociale et moins de temps pour se reposer ou se former. C’est pourquoi, le 8 mars, les femmes d’Unia réclameront à travers différentes actions régionales une réduction du temps de travail pour tout le monde sans perte de salaires, plus de temps libre, une meilleure santé et plus d’égalité.