Manor doit respecter les libertés syndicales!
Mi-février, Marisa Pralong, vendeuse chez Manor à Genève, a été licenciée. Le motif évoqué dans la lettre de congé: elle s’est exprimée dans les colonnes de la Tribune de Genève sur les conditions de travail du personnel de vente durant les fêtes de fin d'année. «Je n’ai pas cité le nom de Manor dans l’article», a souligné Mme Pralong à la conférence de presse, «mais uniquement utilisé mon droit à la liberté d’expression. C'est parce que l'avis des vendeuses n'est jamais pris en compte que j'ai pris la parole.»
Ce licenciement porte une atteinte grave aux libertés syndicales. Mme Pralong est déléguée syndicale aux commissions paritaires des conventions collectives du commerce du détail dont est signataire Manor. «Dans cette fonction, Mme Pralong a défendu avec détermination les intérêts du personnel de la vente», a expliqué Alessandro Pelizzari, secrétaire régional d’Unia Genève, «notamment contre la forte pression qui existe dans ce secteur pour libéraliser les horaires contre la volonté du personnel». Une détermination qui dérange : En licenciant Mme Pralong, Manor bafoue ouvertement la CCT qui interdit le licenciement des délégués syndicaux. Unia demande donc le retrait immédiat de ce licenciement abusif.
Pour Paul Rechsteiner, le président de l’Union syndicale suisse, le cas montre une fois de plus qu’en Suisse la protection des délégués syndicaux est absolument insuffisante. «Le licenciement de Mme Pralong est une attaque contre le droit à l’activité syndicale et contre les syndicats», a-t-il souligné, en annonçant que le licenciement de Mme Pralong sera dénoncé auprès de l’Organisation internationale du travail.
Mais ce licenciement est aussi une mesure d’intimidation contre le personnel de Manor. Il intervient au moment où le personnel de l’entreprise entreprend des démarches pour demander l’instauration d’une commission du personnel pour faire face aux nombreuses infractions à la CCT constatées dans le magasin. «Plus de 140 signatures ont été récoltées auprès du personnel», raconte Teresa (nom fictif), une vendeuse de Manor qui souhaite rester anonyme, soulignant le «large soutien dont bénéficie Mme Pralong auprès du personnel grâce à ses interventions régulières auprès de la direction de Manor.»
Un soutien qui ne se limite pas au personnel du magasin genevois. En début d’année, Mme Pralong avait en effet été élue présidente de la section genevoise du syndicat Unia. «Avec ce licenciement, Manor porte préjudice au partenariat social dans la branche», s’est indigné le coprésident du syndicat Unia, Andreas Rieger, qui a souligné la dimension nationale de l’affaire.
Les interventions des personnes citées se trouvent ici...
Contact :
Alessandro Pelizzari, secrétaire régional Unia Genève
Anne Rubin, porte-parole Unia