Aujourd'hui, la Commission de l'économie et des redevances du Conseil national (CER-N) a pris connaissance du rapport de consultation sur la réglementation encadrant le télétravail. Elle n'a pas tenu compte des préoccupations exprimées par la grande majorité des participant-e-s à la consultation, notamment la Société de médecine du travail, les universités de Genève et de Bâle, l'association professionnelle Public Health ainsi que l'Association des inspections cantonales du travail et des autorités cantonales du marché du travail. Au contraire, elle a élargi le projet, ce qui accentue encore les risques pour la santé des salarié-e-s travaillant régulièrement ou même seulement occasionnellement à distance.
Sous le couvert de «flexibilité», la Commission veut dégrader radicalement les conditions de travail en cas de télétravail. Les employé-e-s qui effectuent une partie de leur travail en dehors de l'entreprise devraient être à la disposition de l'employeur pendant 17 heures par jour, leur temps de repos serait réduit à 9 heures et pourrait même être interrompu, le travail du dimanche serait introduit sans autorisation. Ainsi, une aide-soignante qui effectue des tâches administratives dans le train, un agent de sécurité qui surveille techniquement une zone depuis son domicile ou un contremaître qui effectue des travaux d'organisation dans un espace de coworking pourraient ne plus avoir que 9 heures de repos et travailler le dimanche sans qu’il y ait besoin d’autorisation.
Il est scientifiquement prouvé depuis longtemps que les journées de travail trop longues et les temps de repos trop courts constituent un risque pour la santé. Malgré cela, la Commission veut faire passer en force cette libéralisation unilatérale du droit du travail au détriment des employé-e-s. Le projet fait partie d'une cascade d'interventions qui ont pour objectif de démanteler les dispositions protectrices de la loi sur le travail: les employé-e-s doivent être à la disposition des employeurs 24 heures sur 24 en fonction des besoins de l'entreprise. Or, les salarié-e-s ne veulent pas d'un allongement des journées de travail. Au contraire, ils ont besoin de plus de temps libre véritable et d'une meilleure protection contre les risques pour la santé liés au travail.
Unia a les plus grandes craintes quant aux conséquences de ce projet de démantèlement des conditions de travail, en particulier sur la santé et la vie privée des employé-e-s en télétravail. Il attend du Conseil national qu'il corrige la mauvaise décision de sa Commission et rejette cette version désastreuse de la réglementation sur le télétravail.