Les travailleurs de la construction veulent plus de temps pour leur famille

Daniel, travailleur de la construction d'Argovie, se tient sur un chantier avec son casque orange sur la tête.
Daniel, travailleur de la construction: «Je suis fier de mon métier mais il faut des améliorations.» (photo: Severin Nowacki)
Les travailleurs de la construction réclament des journées de travail plus courtes, des pauses du matin payées et une compensation intégrale du temps de trajet. La pression élevée, les longues heures de travail et la baisse des salaires réels mettent le secteur en péril. Une manifestation est prévue le 17 mai.

La Convention nationale du secteur principal de la construction (CN) expire cette année et doit être renégociée. La CN règle les conditions de travail d’environ 80 000 travailleurs de la construction.

La vie de famille souffre des journées de travail interminables, qui augmentent aussi les risques d’accident

Le risque pour un travailleur de la construction d’être victime d’un accident est trois fois plus élevé que pour l’ensemble des salarié-e-s du pays et 20 fois plus que pour les employé-e-s de banques et d’assurances.

L’un des principaux facteurs de risque sur les chantiers est la pression croissante. Ces dix dernières années, on a construit nettement plus avec moins de maçons. Le chiffre d’affaires du secteur principal de la construction a augmenté de 19,4 pour cent entre 2015 et 2024. Sur la même période, le personnel des chantiers a diminué de 1,5 pour cent.

Les travailleurs de la construction en paient le prix fort: leurs journées de travail sont souvent interminables. En été, le temps de travail prévu est déjà de neuf heures par jour en général. À cela s'ajoutent régulièrement une à deux heures supplémentaires par jour, plus le temps de déplacement qui, dans la Convention nationale, n'est pas considéré comme du temps de travail et n’est indemnisé qu’à partir de la trentième minute.

En conséquence, de plus en plus de bons éléments quittent la branche. La pression est toujours plus forte et il est de plus en plus difficile de vivre une vie de famille. Selon les statistiques de la Société suisse des entrepreneurs, il manquera un maçon sur cinq d’ici 2030, et d’ici fin 2040, cela sera un maçon sur trois.

Les travailleurs de la construction demandent des journées de travail moins longues, une indemnité pour la pause du matin et le paiement intégral du temps de déplacement

Après une large enquête sur le temps de travail qui a rassemblé 10 000 participants, les travailleurs de la construction ont fixé leurs revendications principales à l’occasion d’une grande assemblée plénière à l’automne dernier:

  • Des journées de travail moins longues: huit heures par jour, c’est assez. Il faut une meilleure protection contre ces journées de travail interminables, ainsi que la limitation du travail le samedi sont nécessaires.
  • La pause du matin doit être indemnisée, comme cela va de soi depuis longtemps déjà dans beaucoup d’autres branches.
  • La fin des 30 minutes de déplacement non payées par jour. Le temps de déplacement doit être indemnisé dès la première minute et être compté dans le temps de travail.
  • Une augmentation de salaire décente pour tous et la compensation automatique du renchérissement à l’avenir. C’est le seul moyen de préserver le pouvoir d’achat.

Le renchérissement grignote le pouvoir d’achat

Le niveau général des prix est aujourd'hui supérieur de sept pour cent à ce qu'il était fin 2020. Cela accroît la pression sur le pouvoir d’achat des travailleurs de la construction.

Cette évolution est d’autant plus préoccupante que les salaires ont déjà diminué durant la période de 2016 à 2022. C'est ce que montre une analyse spéciale des données de l'enquête sur la structure des salaires 2022, publiée par l'Office fédéral de la statistique l'année passée. Sur la même période, les chiffres d'affaires du secteur principal de la construction ont affiché une croissance de près de vingt pour cent. L'une des principales raisons de cette évolution inégale est que plusieurs négociations se sont soldées par un gel salarial au cours de cette période. Il est temps de trouver des solutions qui garantissent aux travailleurs de la construction le maintien de leur pouvoir d'achat de même qu'une participation à la réussite économique de la branche.

Une grande manifestation de la construction est prévue le 17 mai avec deux rassemblements simultanés à Lausanne et Zurich.