Depuis 2019, des centaines de milliers de femmes sont descendues dans la rue lors des grandes grèves des femmes et mobilisations féministes à travers la Suisse. Si des avancées importantes ont pu être obtenues, comme la 13e rente AVS ou le salaire minimum dans plusieurs cantons et villes, la plupart des revendications féministes stagnent et les retraites des femmes sont constamment en danger, comme avec la réforme LPP21 soumise au vote en septembre. Les femmes syndicalistes veulent enfin faire bouger les choses.
Suite à une résolution lors de leur dernière conférence, les femmes d’Unia ont adopté un guide de revendications féministes pour les conventions collectives de travail d’Unia. L’objectif est de prendre en considération les besoins spécifiques des travailleuses dans les négociations conventionnelles, mais également, dans la mesure du possible, d’inclure activement des femmes tant dans l’élaboration des cahiers de revendications que dans les délégations de négociation.
«Bien que le travail dans les branches à majorité de femmes soit essentiel pour la société, il est toujours méprisé et notamment très mal rémunéré. La moitié des travailleuses gagnent moins de 4126 francs par mois, et leur travail non-rémunéré n’est pas pris en compte dans la plupart des assurances sociales. Nous allons nous battre pour des salaires d’au moins 5000 francs pour les travailleuses avec une formation professionnelle, pour des CCT existantes plus féministes, mais aussi pour de bonnes CCT dans les branches dites typiquement féminines, qui ne sont aujourd’hui pas protégées», déclare Aude Spang, secrétaire nationale à l’égalité d’Unia.
Aujourd'hui encore, plus d’une femme sur trois est victime de harcèlement sexuel sur son lieu de travail, une femme sur cinq subit des actes sexuels non désirés et une semaine sur deux, une femme meurt sous les coups de son partenaire ou ex. Les participantes à la conférence ont discuté d’une campagne syndicale contre les violences sexistes, le harcèlement sexuel et de la discrimination au travail. Dans les années à venir, elles mettront l'accent de leur travail syndical sur ces formes de violence patriarcale.
«Nous discutons du harcèlement au sein du syndicat parce qu'il est essentiel de promouvoir un changement culturel parmi les salarié-e-s et les employeurs en matière de sensibilisation et d'éducation sur ce qui constitue le harcèlement afin de le réduire, car il est encore très répandu. C'est une question de justice et d'équité,» estime Grazia Prezioso, présidente nouvellement élue de la commission femmes d'Unia.
Le succès des grèves des femmes a montré qu'il valait la peine de se battre et de rester mobilisé-e-s. Les femmes appellent à prendre les rues massivement le 14 juin et à participer à la grande manifestation pour les salaires du 21 septembre.
Aude Spang, secrétaire nationale à l’égalité