«Cette rupture laisse des cicatrices profondes dans tous les aspects de ma vie. Elle a brisé des liens professionnels et personnels tissés avec amour au fil des ans, elle a ébranlé mes certitudes et perturbé mon équilibre familial. La perte de mon emploi a signifié bien plus que la simple disparition d'une source de revenus, c'était aussi la perte de mes racines, et de mes repères quotidiens, de mon identité et de mon précieux réseau professionnel.» C'est ainsi qu'un ouvrier industriel, licencié pour son engagement syndical, décrit son licenciement.
Avec d'autres salarié-e-s touchés par des licenciements injustifiés, cet ouvrier a rencontré aujourd'hui le conseiller fédéral Parmelin. Il était accompagné de la présidente d'Unia, Vania Alleva, et d'autres syndicalistes. Ensemble, la délégation a demandé au Conseil fédéral de s'attaquer au problème des licenciements antisyndicaux.
En Suisse, la loi ne dissuade pas suffisamment les employeurs de licencier les représentant-e-s du personnel, les lanceuses et lanceurs d’alerte ou les travailleuses et travailleurs qui défendent leurs droits (voir cette liste d’exemples de licenciements antisyndicaux en Suisse (PDF)). En outre, la protection contre le licenciement en Suisse est globalement beaucoup trop faible : les travailleuses et travailleurs âgés, enceintes et malades ne sont pas non plus suffisamment protégés. Un licenciement abusif est un événement traumatisant qui porte gravement préjudice sur les plans financier, psychologique et professionnel pour la personne qui en est victime. L’absence de garde-fous nuit également à la liberté syndicale qui devrait être mieux protégée.
Le problème est aigu depuis 20 ans : en 2003, les syndicats ont déposé la première plainte auprès de l'Organisation internationale du travail (OIT). Depuis, la Suisse a été réprimandée à plusieurs reprises au niveau international pour ne pas avoir respecté ses engagements. En 2019, l'OIT a placé la Suisse sur la liste noire des pays ne respectant pas les libertés syndicales. En juin 2024, la Confédération internationale syndicale l’a dégradée dans le classement international sur la liberté syndicale et la protection des droits du travail, la faisant chuter dans la catégorie «violations régulières des droits», ce qui est hautement embarrassant pour un pays démocratique.
En 2019, le Conseiller fédéral Guy Parmelin avait lancé un processus de médiation tripartite entre la Confédération et les organisations syndicales et patronales pour qu’une solution valable puisse voir le jour. En novembre 2023, il a unilatéralement décidé de la suspendre, pour des raisons inexplicables. Pour Unia, cette situation n’est pas acceptable, car il est urgent d’agir. Rien que l’année passée, 21 cas de licenciements antisyndicaux ont été documentés en Suisse, ce qui laisse penser qu’ils sont en réalité encore beaucoup plus nombreux.
Face à cette situation inacceptable, Unia exige des mesures vraiment dissuasives allant dans le sens de ce qui se fait dans les autres pays d’Europe. En cas de licenciement abusif, il faut prévoir des pénalités d’au moins 12 mois de salaire et la réintégration des salarié-e-s à leur place de travail. Unia travaille également au lancement d’une initiative populaire pour améliorer la protection contre les licenciements.