Quelque 2500 maçons protestent à Genève
Précarité galopante
Dans leur course au profit, les entrepreneurs ont fait le choix de rompre le pacte social avec les travailleurs. Licenciant par wagons les maçons de plus de 50 ans, les entreprises ont développé un recours systématique au travail temporaire, allant même parfois jusqu’à créer leur propre société d’intérim pour empocher l’argent des deux côtés de la chaîne. A Genève, le taux de travailleurs temporaires sur les chantiers dépasse régulièrement le 50%, et des chiffres de plus de 70% sont désormais courants. Le syndicat Unia a même dénoncé publiquement un chantier avec 100% de temporaires!
Cette politique a des conséquences désastreuses non seulement sur les salaires des maçons, repris comme temporaires sans prise en compte de leur qualification ni de leur ancienneté, mais aussi sur leur retraite anticipée généralement perdue par les trous entre les missions (les maçons ayant plus de 2 ans de chômage perdent le droit à la retraite à 60 ans et doivent travailler jusqu’à 65 ans), ou encore sur la sécurité (le nombre d’accidents augmentent avec la diminution du personnel fixe).
Et que dire de la sous-traitance massive et frauduleuse généralisée dans certains corps de métiers (ferraillage, coffrage, pose de chape, etc.), qui fait le nid du dumping et multiplie les faillites frauduleuses d’entreprises ? Elle laisse des centaines de travailleurs sur le carreau, à l’instar de Multi sol Chapes SA, entreprise dénoncée par le Sit au ministère public pour avoir détourné plusieurs millions de francs aux assurances sociales et condamnée à verser 900 mille francs d’arriérés de salaires aux ouvriers.
Pas de protection de la santé
Les maçons travaillent dehors par tous les temps. La Convention Nationale offre une protection insuffisante, que certains cantons ont décidé d’améliorer, à l’exemple de Vaud et Neuchâtel. Les patrons genevois refusent ce type d’améliorations. De plus, les patrons suisses ont décidé de supprimer toute protection conventionnelle. Par moins 20° ou plus 40°, les maçons n’auront désormais plus d’autre choix que de travailler, au mépris total de leur santé!
Baisse de salaire pour les travailleurs âgés
Les entreprises ne veulent pas seulement pouvoir licencier sans entraves les travailleurs de plus de 50 ans, ils veulent aussi pouvoir les réengager moins chers. C’est la proposition patronale qui vient d’être faite au niveau national. En clair, après 30 ans de travail dans une entreprise, l’employé redeviendrait un simple manœuvre non qualifié s’il changeait d’employeur…
300 heures flexibles par année
Jusqu’au-boutistes, les patrons réclament encore que les maçons travaillent 300 heures par années en plus de l’horaire normal et selon les besoins de l’entreprise. En clair, des semaines de 50 heures en vue, samedi compris.
Refus de négocier des patrons genevois
A Genève, la précarisation se traduit principalement par l’explosion des temporaires. Mais tout comme pour les autres sujets importants que sont la protection des travailleurs âgés ou encore les mesures contre les intempéries, les patrons refusent tout bonnement d’en discuter. Depuis octobre 2017, les maçons ont déposé une demande officielle d’ouverture de négociations à la SSE. Et rien. Pas même une séance de négociation.
Colère à son comble
Malgré les pressions colossales des employeurs, les menaces de licenciements et la terreur qu’imposent certaines entreprises sur les chantiers, les 1800 maçons qui ont démarré aujourd’hui un mouvement de protestation sont déterminés. Sans résultat, ils ont prévu de reconduire la proteste sur plusieurs jours. Du jamais vu à Genève ! Il est temps que la SSE comprenne que la précarité, c’est fini! Les maçons réclament des protections. Ils réclament la limitation à 10% des temporaires sur les chantiers. Ils réclament une vraie protection contre les intempéries. Ils réclament des mesures pour empêcher les licenciements des travailleurs âgés. Et ils sont prêts à se battre pour obtenir gain de cause. Lors de leur assemblée générale de ce soir, ils voteront sur la reconduction de la protest.
Communiqué de presse commun d'Unia, Syna et SIT.