Alors que les prix augmentent partout, les salaires réels baissent pour la troisième année consécutive. Une telle situation pour les salaires réels ne s'était pas produite depuis la Seconde Guerre mondiale. Les employeurs ne compensent pas le renchérissement et gardent pour eux les gains de productivité. Parallèlement, ils augmentent le coût de la vie par des adaptations de prix excessives et axées sur le profit, ce qui met les travailleuses et les travailleurs en difficulté existentielle. Les ménages suisses ont besoin d'un changement de politique en matière de pouvoir d'achat. Les salaires réels et les pensions doivent augmenter!
Après que l'indice national des prix à la consommation (IPC) a enregistré un renchérissement de 2,8 % pour 2022, les prévisions font état d'un renchérissement de 2,2 % cette année et d'un renchérissement moyen de 2,2 % en 2024 également. En ce qui concerne les loyers, nous devons nous attendre à une augmentation allant jusqu'à 10 % d'octobre 2023 à mi-2024. À cela s'ajoute une hausse des prix de l'énergie et des dépenses alimentaires. Le poids des primes d'assurance maladie sur les revenus a atteint un niveau insupportable. Rien qu'en 2023, les primes ont augmenté en moyenne de 6,6 % et en 2024, le prochain coup de massue sur les prix sera de 8,7 %. Au total, la hausse des prix, des loyers et des primes d'assurance maladie creuse un trou énorme dans le porte-monnaie des travailleuses et travailleurs. Sans mesures de stabilisation du pouvoir d'achat et sans augmentation générale des salaires, qui s'impose d'urgence, les familles risquent de subir une baisse de revenu d'environ 5 000 francs. Pour les retraité-e-s, la perte de pouvoir d'achat risque d'atteindre l'équivalent d'un mois de pension d'ici 2024.
La crise du pouvoir d'achat touche particulièrement les bas revenus. Dans les postes à bas salaires, les femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes. Plus les femmes sont nombreuses à travailler dans une branche, plus les salaires sont bas, et ce même si elles ont terminé leur apprentissage. Le travail des femmes doit être massivement revalorisé. Pour lutter contre la discrimination salariale structurelle des femmes ainsi que des migrant-e-s, il est donc particulièrement important de revendiquer des salaires minimaux à 4'500 francs pour toutes et tous et à 5'000 francs pour les travailleuses et travailleurs ayant suivi une formation professionnelle. Les diplômes étrangers doivent en outre être automatiquement reconnus.
Affaiblir le pouvoir d'achat, c'est tuer la conjoncture. Malgré cela, de nombreux employeurs pratiquent un vol salarial éhonté et ne sont pas prêts à partager équitablement les bénéfices des entreprises avec nous, les travailleuses et travailleurs. Pourtant, une compensation du renchérissement et de la productivité est la moindre des choses à laquelle nous avons droit. Avec des salaires qui ne suffisent pas pour vivre et une pression constante, les employeurs s'attaquent à notre dignité. La situation devient de plus en plus précaire, en particulier pour celles et ceux qui avaient déjà du mal à joindre les deux bouts. Une attaque contre une ou un est une attaque contre toutes et tous. Les bas salaires font baisser le niveau général des salaires et seuls quelques hauts revenus sont épargnés par la baisse des salaires réels. Nous disons : pas avec nous. Nous nous défendons et exigeons des salaires minimums suffisants pour vivre, ainsi que des augmentations de salaire générales et substantielles pour toutes et tous. Mais sans pression dans les branches et dans la rue, rien n'est possible. Les mobilisations de cette année ont été décisives (l'alarme salariale avec la journée d'action dans le commerce de détail, la manifestation pour le pouvoir d'achat avec près de 20'000 participants, la manifestation des arts et métiers). Nous les poursuivrons avec force l'année prochaine. Les salaires doivent augmenter!
C'est pourquoi les délégué-e-s du congrès extraordinaire d'Unia présentent les revendications suivantes pour un tournant dans la politique du pouvoir d'achat: