Le Conseil d’Etat genevois s’apprête à mettre en œuvre un fonds de soutien
Avec la décision de ne plus soutenir le cours de 1,20 franc pour un euro, la Banque nationale suisse (BNS) a capitulé devant les spéculateurs et les milieux financiers, rendant du jour au lendemain les exportations suisses plus chères pour l’étranger. De l’avis de plusieurs experts, les effets du renchérissement du franc sur l’emploi dans l’économie genevoise sont toutefois limités, mais plusieurs employeurs ont tenté de reporter les risques de la fluctuation du taux de change sur les travailleurs. Plusieurs conflits d’entreprise s’en sont suivis ces dernières semaines, lors desquels le syndicat Unia a notamment réussi à éviter une baisse de salaire, illégale dans la plupart des cas, et toujours contreproductive, car elle plomberait la demande intérieure qui, jusqu’ici, a soutenu la conjoncture.
Partant du principe que les salariés genevois n’ont pas à payer pour une crise dont ils ne sont pas responsables et que le salaire médian dans la plupart des branches de l’industrie est déjà en recul depuis 2010, le syndicat Unia et les délégués syndicaux de l’industrie genevoise ont demandé début février aux autorités genevoises de soutenir les entreprises qui ont réellement subi l’impact du franc fort. Ils suggéraient ainsi la mise en place d’un fonds d’aide cantonal pouvant fournir des subventions ciblées, des prêts ou des cautionnements pour maintenir l’emploi menacé et assurer les entreprises contre les fluctuations sur les marchés des devises, en contrepartie de garanties fournies par les entreprises.
C’est avec satisfaction que le syndicat a pris connaissance que le Département de la sécurité et de l'économie (DSE) a proposé au Conseil d'Etat d'élaborer un projet de loi allant dans ce sens, prévoyant des instruments d’aide supplémentaires aux mécanismes déjà existants dans le cadre de la Fondation d’aide aux entreprises (FAE), et notamment une compensation des risques de change et la prise en charge d’intérêts pour des entreprises d’exportation touchées directement par le renchérissement du franc. L’information a été donnée hier soir par le Conseiller d’Etat Pierre Maudet dans le cadre d’une conférence adressée aux entreprises industrielles du canton.