XPO Logistics: les travailleurs en grève!
Le syndicat Unia avait dénoncé publiquement le 7 mai la décision de la société XPO Logistics de fermer le site de Satigny GE, où travaillent que 32 personnes aujourd’hui. Les représentants des travailleurs avaient critiqué durement le refus de la société de négocier collectivement la fermeture des activités et avaient exigé des vraies négociations. Malheureusement l’employeur n’a jamais voulu accepter les demandes de ses collaborateurs. Même la saisie de la Chambre des Relations Collectives de Travail (CRCT) n’a pas permis de reprendre la voie du dialogue avec l’entreprise.
Licenciement abusif
En Suisse, un licenciement est considéré abusif si l’employeur ne respecte pas la procédure de consultation prévue en cas de licenciement collectif. L’employeur est tenu de consulter la représentation des travailleurs et de fournir tous les renseignements utiles pour éviter les congés, d’en limiter le nombre ainsi que d’en atténuer les conséquences. Le secrétaire syndical en charge du dossier, Umberto Bandiera, a confirmé d’avoir saisie les autorités à ce sujet «L’Office Cantonal de l’Emploi nous a confirmé d’être en train d’étudier les observations communiquées par le personnel et aussi l’opposition formulée contre ces licenciements. Nous attendons une réponse concrète dans les prochains jours.»
Un plan social maintenant!
XPO Logistics est de toute évidence une grande entreprise, 542 personnes ont été employées en Suisse encore en 2018 (source: Rapport financier XPO Logistics Europe 2018). Malheureusement, depuis une année et demie une vague de licenciements a caractérisé sa gestion du personnel, sans jamais négocier un plan social avec les travailleurs et le syndicat. Les congés prononcés à Satigny ne sont donc que les derniers d’une longue série. «Tout ce que nous voulons aujourd’hui est négocier un plan social» a confirmé Mirko*, un délégué syndical du personnel.
Managers toujours plus riches
XPO semble d’ailleurs être en pleine santé : lors de la dernière assemblée des actionnaires le CEO de la multinationale, M. Jacobs, a demandé sans aucune vergogne de lui verser un bonus de plus de 25 millions de dollars ! Dans le même temps à Genève les représentants de la société refusaient de reconnaitre tout type d’aide au personnel. « C’est absolument indécent ! » a déclaré Umberto Bandiera. «Notre syndicat a dénoncé la semaine passée ce genre d’écart absurde dans les rémunérations entre les managers et le personnel, XPO ne fait pas exception».
Travailleurs en colère
XPO Logistics est arrivée à Genève en 2017 avec beaucoup de belles promesses. En reprenant en tant que sous-traitant le service de logistique de la société Fournil Romand (propriétaire des boulangeries Pouly), le géant de la logistique prévoyaient de devenir un acteur majeur du secteur en Suisse. Mais la réalité était bien différente: aucun investissement considérable, aucun nouveau client, une opacité au niveau du management et surtout beaucoup de licenciements.
La crise sanitaire due à l’épidémie de COVID-19 n’a pas améliorée la situation. Au mois de mars le personnel, sans aucune consultation, s’est retrouvé au chômage technique, avec l’espoir de garder leur emploi une fois que les activités auraient repris. XPO a décidé plutôt de licencier tout le monde.
L’échec des tentatives de négociation et le refus systématique de leurs demandes n’ont fait qu’exaspérer les travailleurs. Vendredi 26 juin, réunis en assemblée générale, ils ont voté à l’unanimité l’ouverture d’une phase de mobilisation en déclarant une grève reconductible à partir de lundi 29 juin. Robert*, délégué syndical du personnel a déclaré publiquement: «Nous demandons à notre employeur de respecter les efforts que nous avons faits ces dernières années pour eux, de nous aider dans ce moment difficile et de respecter nos droits. Ce n’est pas juste de nous faire payer le prix de leur mauvaise choix».
Quelles protections pour les travailleurs?
Les grévistes de XPO Logistics ont reçu un large soutien des parlementaires genevois au Conseil National et au Conseil des Etats. En fait ce licenciement pose des questions sérieuses concernant la sauvegarde des emplois dans cette période de crise. Les autorités fédérales ont permis aux entreprises d’utiliser le chômage technique pour protéger les places de travail, certainement pas pour éviter de payer des salaires pendant quelque mois et ensuite licencier à tout va. Dans le même temps une réflexion s’impose sur les protections existantes mais insuffisantes dans la législation suisse en cas de licenciement collectif et d’obligation à négocier un plan social.