McDonald’s: reste loin d’UberEats!
McDonald's est l'une des premières entreprises à annoncer une collaboration avec UberEats. Malgré sa bonne santé économique, son chiffre d’affaire en augmentation de 2,4% en un an, la multinationale américaine a décidé d’externaliser la livraison de repas à une entreprise connue pour ses pratiques de dumping: Uber Eats, une branche de la célèbre Uber. McDonald’s contournerait ainsi la convention collective nationale de travail de l’hôtellerie-restauration. Pourtant, l’année passée, McDonald’s déclarait: « Nous ne pouvons et ne voulons pas lier nos produits à des services de livraison externes. » (Mme Mureith, responsable communication Mc Donald’s, 24heures, 24.04.2017)
Pas de légitimité au modèle de précarisation d’Uber
La société californienne Uber est connue pour être active dans le domaine des taxis, mais aujourd’hui elle veut établir en Suisse son propre service de livraison de repas avec l’application « UberEats ». Le modèle commercial repose – comme pour le service de transports de personnes – sur l’exploitation de coursiers-ières, faux-indépendants qui sont envoyés sur les routes sans assurance-accidents, sans couverture sociale et à des salaires trop bas, à tel point qu’ on peut parler de dumping. Il est inadmissible que McDonald’s, en tant que plus grande chaîne de restauration rapide de Suisse, souhaite encourager de telles pratiques. « Avec cette externalisation, McDonald’s économise des coûts salariaux et se procure des avantages concurrentiels en recourant à l’indépendance fictive. Nous ne pouvons pas accepter cela dans la branche », déclare Mauro Moretto, responsable national de l‘hôtellerie-restauration d’Unia.
Engager correctement les coursiers-ières
Unia et les syndicats partenaires exigent de McDonald’s qu’il renonce au partenariat annoncé avec UberEats. Les restaurants fast-food doivent au contraire engager eux-mêmes leurs coursiers-ières, afin que les dispositions de la convention collective nationale de travail (CCNT) de l’hôtellerie-restauration soient appliquées. La CCNT garantit par exemple aux employé-e-s des rapports de travail corrects, notamment avec des salaires minimums, des temps de travail définis et cinq semaines de vacances. UberEats de son côté doit aussi engager ses coursiers/ières dans les règles et respecter les dispositions de la branche en vigueur.
UberEats: les autorités doivent agir
Compte tenu de l’arrivée prochaine sur le marché d’UberEats, Unia a appelé la semaine passée les autorités à agir. En premier lieu, le Conseil fédéral, plus particulièrement le Département de l’économie (DEFR), est appelé à prendre des mesures contre la violation de la législation sociale et du travail par Uber. Unia propose la création d’une task force nationale composée du Conseil fédéral, de partenaires sociaux et des assurances sociales, qui aurait pour tâche de développer des mesures efficaces pour protéger les salarié-e-s des plateformes. À Genève, c’est le Département de l’Emploi et de la Santé (DES) de M. Mauro Poggia qui a été interpellé, puisque UberEats proposera bientôt ses services dans la ville. « Nous n’avons reçu aucune réponse jusqu’à présent. M. Poggia doit respecter son obligation de surveiller le marché de l’emploi genevois » rappelle Umberto Bandiera, responsable romand pour le Transport et Logistique à Unia. Une interrogation urgente a été déposée par le Parti Socialiste au Grand Conseil genevois pour le débat prévu ce soir.