Pas touche à la retraite à 60 ans!
Depuis 2003, la Fondation pour la retraite anticipée dans le secteur principal de la construction (fondation FAR) garantit aux maçons une retraite dès 60 ans. La fondation est un succès: l’année passée, les cotisations encaissées étaient plus élevées que les prestations réglementaires. Ces prochaines années cependant, le nombre de bénéficiaires augmentera provisoirement jusqu’en 2024, étant donné que la génération du baby-boom est au seuil d’une retraite anticipée largement méritée. D’où la nécessité de prendre des mesures ciblées transitoires afin de garantir la retraite à 60 ans.
Des solutions existent
Le besoin d’agir est connu depuis l’été 2017 déjà. Depuis l’automne dernier, les syndicats Unia et Syna demandent à la Société suisse des entrepreneurs (SSE) de négocier les mesures nécessaires. Les syndicats ont également soumis des propositions concrètes d’assainissement. Ainsi, une hausse modérée des cotisations de 0,5 à 1 point s’impose. Les maçons seraient également disposés à participer aux coûts et à adapter les prestations que la fondation FAR alloue à la prévoyance professionnelle. Les syndicats proposeront à nouveau des mesures dans ce sens à la séance du conseil de la fondation FAR fixée demain, en demandant instamment aux entrepreneurs d’accepter leurs propositions.
Refus de négocier des entrepreneurs
La SSE refuse depuis l’automne 2017 de négocier sur un assainissement et persiste à exiger le relèvement de l’âge de la retraite à 62 ans ou une réduction des rentes de 30%. Il en est hors de question pour les travailleurs de la construction, pour plusieurs raisons:
- Aujourd’hui déjà, les travailleurs de la construction âgés de plus de 55 ans sont forcés à quitter la profession, car après des années de dur labeur leurs capacités physiques diminuent. Le nombre de maçons âgés réduits à effectuer du travail temporaire a explosé ces dernières années. Une augmentation de l’âge de la retraite accentuerait encore le problème, et n’entre donc pas en ligne de compte.
- Une réduction de prestations de 30% ferait chuter la rente moyenne à 3080 francs. Les maçons ne pourraient plus se permettre de prendre une retraite anticipée.
- Il n’est pas non plus acceptable de faire assumer la totalité des coûts d’assainissement à la génération sur le point de partir à la retraite. Ces personnes n’y peuvent rien si elles sont nées dans les années 1960. Il faut donc une bonne combinaison entre un relèvement des cotisations, auquel toute la branche participera de manière solidaire, et des adaptations adéquates des prestations.
Obligation de l’institution supplétive d’assurer les travailleurs âgés
Les syndicats poursuivront en justice la Fondation Institution supplétive, qui ne veut plus affilier les maçons âgés. Selon une expertise du prof. Dr Kieser, spécialiste en la matière, la Fondation Institution supplétive est tenue par la loi d’offrir aux travailleurs âgés exclus de leur caisse de pension la possibilité de poursuivre leur prévoyance professionnelle. Il est honteux que l’Institution supplétive cherche à se débarrasser d’un problème systémique sur le dos des maçons âgés.
Il faudrait au contraire que les travailleurs âgés puissent rester dans leur ancienne caisse de pension. C’est d’ailleurs ce que prévoyait le projet Prévoyance vieillesse 2020 (refusé aux urnes), et une telle mesure figure aussi dans l’actuel projet de révision des prestations complémentaires (PC). Or la SSE a combattu le projet PV 2020, et a fait traîner les discussions avec l’Institution supplétive.
Les entrepreneurs n’attaquent pas seulement la retraite à 60 ans
La SSE ne s’en prend pas qu’à la retraite à 60 ans. Elle vise aussi à diminuer les salaires des maçons âgés, à réduire leur protection contre le licenciement et à allonger la durée du travail, jusqu’à concurrence de 50 heures hebdomadaires.
Les maçons ne veulent pas d’un démantèlement de la retraite à 60 ans, ni de leur convention collective de travail nationale (CN). Au contraire, ils ont besoin de plus de protection et d’une limitation des interminables journées de travail en été. Le cas échéant, ils n’hésiteront pas à se battre pour défendre leur dignité.