Loi sur les heures d’ouverture des magasins: Le personnel est majoritairement opposé
La nouvelle loi impose aux cantons et aux communes des heures d’ouverture minimales de 6h à 20h en semaine et de 6h à 18h, voire 19h, le samedi. Elle aura pour effet d’étendre les horaires dans 14 des 26 cantons. Le Conseil des Etats avait, à l’automne dernier, refusé le projet de loi, avant tout parce qu’il menaçait la souveraineté des cantons.
La question des conditions de travail du personnel de la vente, aggravées par la nouvelle loi, n’avait pas été un point prioritaire du débat. C’est pourquoi, Unia a lancé en 2015 une vaste enquête dans les magasins auprès des salarié-e-s de la vente dans toutes les régions du pays. 2520 vendeuses et vendeurs y ont participé.
Le personnel dit «non»
Les résultats sont significatifs: l’opposition au projet de loi s’élève à 96%, 1.85% y sont favorables et 2.1% n’ont pas d’avis sur le sujet. Les résultats ne diffèrent pas entre la Suisse romande et la Suisse alémanique. Les variations entre cantons libéraux ou peu libéraux sont très faibles. La perspective de travailler plus tard en soirée est clairement rejetée par 95% du personnel sondé. Les résultats sont encore plus nets que lors de précédentes enquêtes effectuées, probablement du fait que les salariés ressentent la menace de plus en plus réelle. En 2013, un sondage effectué par GfK montrait une opposition de 85% au travail du soir ou du dimanche.
Ce résultat sans appel s’explique par plusieurs facteurs. Premièrement, les salarié-e-s de la vente sont mal protégés contre les longues journées de travail. 50% d’entre eux ne sont pas soumis à une convention collective de travail et les CCT existantes protègent peu ou pas les salarié-e-s contre une extension des horaires. Les horaires étendus ont pour effet immédiat de rendre les horaires de travail soit plus flexibles soit plus longs, compliquant encore davantage la conciliation entre famille et travail.
Deuxièmement, le travail dans la vente reste précaire. 50'000 personnes sur 320'000 ont un salaire inférieur à 4000 francs. Cette branche à bas salaires récompense mal l’investissement important de ses salarié-e-s.
En l’état, seuls des horaires liés à une CCT nationale de force obligatoire ancrée dans la loi permettraient une juste protection de l’ensemble du personnel, mais les faitières économiques de la branche refusent la négociation.
Cette loi est la première à péjorer les conditions de travail d’un nombre aussi important de vendeuses et de vendeurs. Les précédentes extensions d’horaires n’étaient que des exceptions liées à certains secteurs du commerce de détail, tels les gares ou les stations-service. Cette fois-ci, pas moins de 60% du personnel de la vente est directement visé par la LOMag. Unia appelle le Conseil national à respecter les préoccupations des salarié-e-s, ainsi que la souveraineté des cantons, en rejetant le projet de loi. Unia est prêt à recourir à la démocratie directe en lançant un référendum si le Parlement venait à adopter le texte de loi.