Achats en ligne du Black Friday : journée noire en perspective pour les logisticien-ne-s
Les conditions de travail de la branche de la logistique et du transport sont déjà mauvaises en temps normal. Elles comportent d’interminables journées de travail, les salaires y sont bas et les contrats de travail précaires. De nombreux employeurs ne respectent pas les prescriptions de la loi sur le travail en n’enregistrant pas les heures effectuées ou en bafouant les dispositions sur la protection de la santé. Beaucoup d’entreprises recourent au travail sur appel, à des intérimaires, à la sous-traitance en chaîne, voire à des indépendant-e-s fictifs pour offrir des prix encore plus bas que la concurrence. Le résultat : des conditions de travail incertaines et pénibles, et des salaires de misère. Cela se passe dans une branche en plein essor où les commandes pleuvent, qui a engrangé des profits supplémentaires pendant la pandémie et durablement consolidé en 2020 ses parts de marché dans le commerce de détail.
Le Black Friday aggrave la précarité
Lors de journées comme Black Friday, le volume de travail augmente encore davantage. Pour faire face à la tâche, les employeurs embauchent à tour de bras du personnel temporaire qui côtoie dans les centres logistiques le personnel fixe, ceci en violation des mesures de lutte contre la pandémie et des distances minimales prescrites. Les magasinières et magasiniers, les logisticien-ne-s et les coursières et coursiers doivent traiter et acheminer en un temps record d’énormes quantités d’envois, au prix d’un énorme stress, d’une grande fatigue et de nombreuses heures supplémentaires (non payées parfois).
Stratégie discutable du commerce de détail
La stratégie des géants du commerce de détail, avec leur surenchère de soldes et leurs journées d’actions comme le Black Friday et le Cyber Monday pour maximiser leur chiffre d’affaires, est désastreuse pour les salarié-e-s. D’autant plus que le surcroît de travail et la pression sur les prix frappent une branche dépourvue de conventions collectives de travail (CCT), où les contrôles des conditions de travail sont rares. De telles journées poussent à la consommation et attisent encore la crise climatique.
Il faut des améliorations, une prise de conscience des détaillants et des contrôles
La précarité et les violations de la loi doivent cesser dans la branche de la logistique et du transport. Il faut des salaires minimums d’au moins 4000 francs (x13), des emplois stables et limiter les contrats de travail temporaires ou sur appel. Il s’agit d’instaurer des règles claires pour les plateformes, de limiter les chaînes de sous-traitance, d’appliquer le principe de responsabilité solidaire des entreprises générales et d’améliorer la protection de la santé. Il faut en finir avec la concurrence déloyale des casseurs de prix et introduire une CCT forte, qui protège le personnel en permettant à tous les acteurs du marché de lutter à armes égales. Le chiffre d’affaires du commerce en ligne pourrait bien augmenter de 50% cette année. Les géants de la branche peuvent dès lors parfaitement conclure une bonne CCT de la logistique, avec des salaires justes. Enfin, tout le personnel de la branche a largement mérité cette année une prime Covid-19 d’au moins 2000 francs, en récompense du stress extrême et des risques encourus au travail.