Le syndicat Unia, qui défend notamment les salarié-e-s de l’industrie ainsi que de l’hôtellerie-restauration et du tourisme, s’est battu énergiquement en 2011, avec les partenaires sociaux de ces branches exposées, pour l’introduction d’un cours plancher du franc. Le cours de 1,20 franc pour 1 euro a permis d’éviter des suppressions massives d’emplois.
Menaces pour l’hôtellerie-restauration et l’industrie
En réalité, le cours plancher avait été fixé à un niveau trop bas, déplore Unia. Ces trois dernières années, plus de 10 000 emplois sont ainsi passés à la trappe dans l’hôtellerie-restauration et dans le tourisme. Or la décision prise aujourd’hui par la BNS menace au moins autant d’emplois dans les régions touristiques, puisqu’un séjour en Suisse sera trop cher pour les touristes étrangers.
Et dans l’industrie d’exportation, toujours plus d’emplois ont été délocalisés ces derniers mois à cause du franc fort – en Hongrie, en Slovénie ou en Slovaquie. Bosch p. ex. produira à l’avenir ses outils pour professionnels de l’artisanat non plus à Soleure (Scintilla), mais en Hongrie. Si le franc s’apprécie encore maintenant, une nouvelle hémorragie d’emplois est à craindre dans l’industrie. La décision de la BNS met ainsi en péril la place industrielle suisse.
Risque de récession pour l’économie suisse
La décision de la BNS est absolument prématurée et aggravera encore une situation critique. Le taux de chômage est déjà très élevé en Suisse, de l’ordre de 4,9%. Les prévisions de croissance ont été revues à la baisse l’automne dernier, en Europe comme en Suisse. La consommation privée est en berne et les accords salariaux de l’automne 2014 ont été plutôt médiocres. Si l’industrie d’exportation voit ses exportations sensiblement diminuer, la conjoncture helvétique en fera les frais. On ne peut exclure que l’économie suisse entre en récession, après la décision de la BNS.
Réaction d’Aldo Ferrari, membre du comité directeur d’Unia suite à l’annonce de la BNSRTS, Journal du matin, 16.01.2015